Stranger Tourist Self-Portrait
by Benoit Paillé
Stranger Tourist Self-Portraits poursuit la démarche du projet Strangers qui consiste à provoquer de brèves rencontres avec des étrangers pour créer un événement photographique improbable avec l’intimité de leur image privée. Délaissant pour un temps les lieux urbains, je me suis avancé à la rencontre de touristes sur les plages du mexique.
 
En interpellant des étrangers, je brise pendant quelques instants les barrières implicites de l’espace public et son fonctionnement anonyme et hyperindividualiste, dans un contexte exacerbé de loisirs et de consommation centrés sur la personne. De plus, cet environnement particulier me permet de saisir l’image du corps presque nu des sujets, dévoilés comme nulle part ailleurs en société.
 
Pour ce projet, j’ai également fait appel à un déclencheur filaire afin de donner au sujet une apparente maîtrise de sa photo dont il gère «l’instant décisif», qui ne repose plus dans les mains du photographe. Une fois les cadrages effectués, j’ai tenté de m’effacer complètement du moment pour permettre à l’étranger de se retrouver de nouveau seul, face à lui-même.
 
À la différence, par exemple, du travail de Rineke Dijkstra avec des touristes, où les sujets étaient abordés lors de moments de transition inconfortables, les sujets de Stranger Tourist Self-Portraits sont pleinement accomplis, repus du soleil, de la plage et de la mer. De leur posture verticale et leur impassibilité se dégage une plénitude évidente, teintée chez chacun de divers affects allant d’une légère gêne résorbée par l’anonymat de la situation à une fière arrogance affichée par les muscles et les bronzages excessifs. Le tout est magnifié par la lumière éclatante de cet environnement somme toute minimal, mais qui est beaucoup plus que le simple lieu de passage où ont été interceptés les sujets. Cette plage et ce soleil de plomb, c’est un oasis parfait au centre duquel l’être humain n’est plus tenu au moindre égard pour l’autre.
 
 
 
Stranger Tourist Self-Portraits continue the effort of the Strangers project that consists in bringing about brief encounters with strangers in order to create an improbable photographic event with the intimacy of their private image. Leaving for a time the urban places I went ahead to meet tourists on the beaches of Mexico full of all-inclusive hotel.
In engaging with strangers, I broke for a few moments the implicit barriers of public space and its anonym functioning as well as hyper individualist in an exacerbated context of leisure and consumption centered on the individual. Moreover, this particular environment allows me to capture the image of the body almost naked of the subjects, unveiled like no other place in society.
For this project, I also appealed a shutter release in order to give to the subject an apparent control over his picture where he manages himself the “decisive moment” which won’t rely into the photographer’s hands. Once the settings and composition are made, I have tried to erase myself completely from the moment to allow the stranger to face with himself.
Unlike Rineke Dijkstra’s work with teenagers where the subjects were approached during transitions moments, which were uncomfortable, the subjects from Stranger Tourist Self-Portraits are completely accomplished, full of the sun, the beach and the sea. From their vertical silhouette and composure emerge an obvious fullness, tinted with diverse affects coming from a light discomfort resorbed by the anonymity of the situation to a proud arrogance demonstrated by the muscles and an excessive tanning. The whole is magnified by a bright light of this environment all in all minimal, but which is a lot more than a simple crossing point where the subjects are intercepted. The beach and the sun represent a perfect oasis where the human being sets in the middle moreover, where he cares no longer about the others.
 

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