Alternatives Landscapes II

I was interested in the introduction of a man-made object in an outdoor setting, a luminous square, a human element that forms a relationship with nature and helps it to be reborn. From this I feel a kind of poetry blossoms, linked to the presence of this regular shape, like a recurrent canvas that symbolically references creation, the blank page, the empty space that needs to be inhabited. Cette série photo a germé dans ma tête durant les vacances de Noël. Je me suis imaginé installer des décorations lumineuses dans des endroits incongrus. J’ai amorcé des tests avec un filet de 100 lumières de Noël de 1x1m. Rapidement, j’ai commencé à photographier cette installation lumineuse en forêt, et j’ai compris que le projet s’orientait vers un questionnement du paysage. J’ai par la suite transformé mon installation en concevant un carré lumineux de 1x1m x 5cm, construit en plastique léger et muni de 300 lumières LED à l’intérieur, contrôlables au moyen d’un gradateur d’intensité. Je suspends le carré lumineux à l’aide de fil de pêche entre des arbres. Pour les photographies, le temps d’exposition varie de 30 secondes à 4 minutes. Ce qui m’a d’abord intéressé, c’est l’introduction dans les paysages d’un objet fabriqué, soit un carré lumineux, un élément humain qui entre en relation avec l’espace choisi – la nature – et le renouvelle. De là, m’apparaît naître une poésie, liée à la présence forte de cette forme régulière, sorte de canevas récurrent qui, symboliquement, se rattache à la création, fait référence à la page blanche, à l’espace à occuper. Au cœur de cette démarche, j’avais aussi en tête de porter la plus grande attention à l’espace physique, en intervenant au minimum sur celui-ci, outre que d’y installer le carré lumineux. Je suis d’avis que la photographie ne représente pas le réel, mais crée du réel ; or, dans ce projet, une forme lumineuse bien concrète est intégrée au paysage, ce qui, paradoxalement, confère à la photo un aspect irréel Tout le projet est mené de manière empirique, concrète, et est guidé par une recherche formelle obsédante et exigeante. Ces paysages alternatifs proposent en effet une relecture de certaines possibilités du paysage, de ses formes conventionnelles, de son habituelle beauté, simplicité ou magnificence. Je n’ai en effet jamais été à l’aise avec les photos de paysages, souvent marquées par l’effort de la recherche du beau qui empêche d’en montrer une banalité qui pourrait être intéressante. À l’inverse, d’autres paysages sont que trop banals, souverainement clichés comme le superbe coucher du soleil. Ma réflexion sur le paysage s’attarde plutôt à y intégrer une composante poétique à même de susciter une émotion liée à la forme et à la présence lumineuse. Je voulais créer quelque chose qui ne soit pas véritablement un paysage, mais quelque chose de fabriqué, dans le but d’émouvoir différemment le spectateur. Avec le travail en série, j’ai expérimenté cet effet sur des lieux différents, et la perspective globale donne encore plus d’impact à la présence de cette forme qui éclaire des paysages qu’il serait impossible de voir sous un tel éclairage.